L'histoire commence à St-Joseph-de-Beauce

L’histoire commence à St-Joseph-de-Beauce, en 1995, sur le terrain d’un certain M. Lessard. De cet homme discret, nous savons peu de chose, outre le fait que son terrain comprenait deux bâtiments. L’un récent, dans lequel résidait M. Lessard, et le second, abandonné depuis de nombreuses années. C’est celui-ci qui nous intéresse, car lors des travaux de rénovation du grenier, M. Lessard découvre sous les vieilles planches du plafond, une mystérieuse enveloppe blanche sans inscription comprenant une grande quantité de ce qui ressemble à des semences de tomate. Or, aucun jardin n’a été cultivé sur la propriété depuis une soixantaine d'années, il en est certain. 

M. Lessard n’ayant pas particulièrement le pouce vert, il décide de remettre ces antiques semences entre de bonnes mains, en l'occurrence celles de Gérard Parent, fervent jardinier impliqué dans l’organisme Semences du Patrimoine. 

Si l’on estime qu’en moyenne, l’espérance de vie d’une semence de tomate est de huit à dix ans, ces semences âgées de plusieurs décennies avaient peu de chance de germer. En effet, il s’en est fallu de peu, car de cette enveloppe d'environ 300 semences, seules trois germeront. 

Et de ces trois plants que M. Parent a patiemment cultivé naîtront toutes les Mémé de Beauce.

Surpris par sa grosseur, il décrira les fruits comme étant d’énormes fruits à la peau rouge pâle, mais à la chair rosée, de forme très irrégulière et côtelée. Il fit quelques recherches et avec le soutien du Ministère de l’Agriculture du Canada, le constat est clair: cette tomate était cultivée au Québec au début du siècle dernier! Le nom de la variété d'origine restera toujours un mystère, mais elle sera nommée Mémé de Beauce à l'avenir.

Une taille surprenante

Parce qu'elle surprend par sa taille, et que son nom est somme toute assez mignon, la tomate a fait le tour des médias assez rapidement. Les adeptes du jardinages, les vieux nostalgiques du goûts des tomates d'autrefois s'y accrochent et la désirent. Attention, on doit y mettre 90 jours avant que cette tomate n'arrive à maturité, ce qui nous amène souvent au début septembre. Il est fréquent que les gels surprennent les plants encore lourds de fruits. 

Autre turpitude, les plants ont tendances à casser sous le lourd tribu de leur propre procréation. Un tuteur est de mise, sinon c'est la casse! Finalement, nul ne peut voler une Mémé de Beauce sans posséder un solide sécateur. Parce que le pédoncule est si épais que même en la tournant à la façon d'une pomme sur sa branche, elle ne vient pas et on se retrouve rapidement avec une affaire tout écrapouti entre les doigts avant même d'avoir commencé notre sauce.

Mais pourquoi la nommer Mémé de Beauce?

Le terme « Mémé » provient du nom de la lignée des Lessard. Dans la région d'où provient la tomate, il existe de nombreuses familles portant le même nom. Pour différencier les branches familiales, il est coutume de donner des surnoms afin d'éviter les embrouilles. L'homme de notre tomate fait partie du clan MÉMÉ.